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« Prix Emir Abdelkader » : Inculquer les principes de partage et de vivre ensemble

« Prix Emir Abdelkader » : Inculquer les principes de partage et de vivre ensemble

Hier mercredi 21 septembre, Mostaganem en l’espace d’une journée mémorable s’est parée des habits de capitale mondiale du vivre ensemble. En effet, la Fondation Djanatu el-Arif, présidée par le Cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la Tariqa Alawiyya, a décerné le premier « Prix Emir Abdelkader pour le vivre ensemble et la coexistence pacifique » à trois lauréats qui ont tous été unanimes à souligner l’importance d’inculquer aux générations futures les valeurs de partage et du vivre ensemble.

Source : Algérie One

Lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et le SG du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Mohamed Salah Seddiki, les ambassadeurs du Canada, Espagne, Indonésie, Croatie, Belgique et autres invités, Lakhdar Brahimi et Raymond Chrétien, ont plaidé pour davantage d’efforts pour inculquer aux générations futures les valeurs de partage et du vivre ensemble car, c’est en ces valeurs et principes que réside l’espoir en un avenir meilleur, ont-ils souligné.

Pour Lakhdar El Ibrahimi, un monde meilleur réside en l’inculcation d’une culture de partage et de vivre ensemble pour les générations futures qui vivent dans un monde où règnent la violence et l’intolérance, appelant ‘‘à plus de travail ensemble pour atteindre ce but’‘.

L’Espagnol Fédérico Mayor, ancien ministre et ancien Directeur général de l’Unesco, absent de la cérémonie pour des raisons de santé, a indiqué, dans un message vidéo adressé à l’assistance que le partage représente « la clé pour un avenir meilleur aux générations futures », il faudrait selon lui, « s’inspirer de la vie et de la personnalité de l’Emir Abdelkader, pour bâtir un futur meilleur ». « L’Emir Abdelkader est un véritable symbole de tolérance et de fraternité, que nous devons suivre sa voie et enseigner ses valeur »‘, a-t-il précisé. « Le parcours historique de l’Emir Abdelkader est lié à son image d’homme d’action et de farouche combattant, même si ce profil tranche avec l’image de penseur et de philosophe qu’il a toujours été, prônant la solidarité, la fraternité et la tolérance entre les êtres humains ». « Dans la situation que traverse actuellement le monde, la pensée de l’Emir Abdelkader est toujours d’actualité. Elle a une importance capitale et il est primordial de le rappeler à chaque fois », a-t-il ajouté.

De son côté, le Canadien Raymond Chrétien a insisté sur l’importance de cibler les générations futures en leur inculquant les principes de coexistence dans les écoles, les universités et même en dehors de ces institutions « pour que nos enfants arrivent à trouver le moyen de comprendre l’Autre et de partager avec lui », a-t-il estimé, ajoutant qu’il est nécessaire de « se rapprocher davantage et de travailler ensemble pour atteindre cet objectif ».

Ces trois personnalités internationales sont les premiers lauréats du Prix de l’Emir Abdelkader pour « la promotion du vivre ensemble et la coexistence pacifique en Méditerranée et dans le monde », qui a été remis mercredi, en fin d’après-midi, à Mostaganem.

Par ailleurs, une mention spéciale a été décernée à Tahar Hadjar, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique et ancien recteur de l’Université d’Alger I. Son Secrétaire général, Mohamed Salah Seddiki, a reçu la distinction à sa place, ainsi qu’au Dr. Issam Toualbi, Directeur de la Chaire de l’Unesco, a-t-on appris des organisateurs.

Prôner les valeurs de paix, de tolérance et de coexistence pacifique

Le diplomate algérien Driss Djazairi, arrière petit-fils de l’Emir Abdelkader et rapporteur spécial du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, a estimé que la mise en valeur des principes de paix, de tolérance et de coexistence prônés par l’islam est à même de combattre la pensée extrémiste et islamophobe à travers le monde. « L’institution du Prix Emir Abdelkader pour encourager le vivre ensemble et la coexistence pacifique prouve la modernité de la pensée de cette figure historique algérienne qui prônait les valeurs humanitaires comme la fraternité, la tolérance, le vivre ensemble contenues dans le Saint Coran depuis plus de 14 siècles », a souligné Driss Djazaïri, dans une déclaration à l’APS, en marge de la cérémonie de cette distinction internationale, mercredi soir à Mostaganem.

Le diplomate algérien a estimé que « ceux, qui en Europe, présentent l’islam comme une religion de violence, doivent réviser leurs positions en étudiant l’histoire et la pensée de l’Emir Abdelkader, précurseur du vivre ensemble et de la coexistence pacifique, sauvant de milliers de chrétiens d’une mort certaine en Syrie ». « A ceux qui lui reprochait d’avoir sauvé des chrétiens en Syrie alors qu’il a combattu d’autres chrétiens qui ont colonisé son pays, l’Emir Abdelkader répondait qu’il a combattu des chrétiens en tant que colonisateurs alors que la protection des chrétiens de Syrie et donc des plus faibles était stipulé dans les préceptes de l’islam », a encore ajouté le diplomate algérien.

Concernant la création de ce Prix récompensant les personnalités les plus influentes dans le domaine du vivre ensemble et de la coexistence pacifique, Driss Djazaïri a estimé que « cette distinction est la matérialisation du vœu de la société civile algérienne de voir consacrer la pensée de l’Emir Abdelkader basée sur la paix, la compréhension de l’autre et la tolérance ».

Le diplomate algérien a estimé que le choix des premiers lauréats de cette distinction a été judicieux car, ce sont des personnalités très connues pour leurs engagements qui ont été récompensées. Driss Djazaïri s’est montré optimiste concernant le rôle joué par le lauréat canadien Raymond Chrétien dans le rapprochement des différentes communautés et du vivre-ensemble au Canada. « L’exemple du Premier ministre Trudeau qui partage les fêtes de l’Aïd avec la communauté musulmane est encourageant et symbolise les valeurs de la fraternité et du vivre-ensemble », a-t-il soutenu.

Alger invitée à rejoindre l’Observatoire international des maires sur le Vivre ensemble

La ville d’Alger étudie actuellement une proposition pour rejoindre l’Observatoire international des maires sur le Vivre ensemble, a-t-on appris du président de cet organisme international. En marge de la cérémonie de remise du « Prix Emir Abdelkader pour le vivre ensemble et la coexistence pacifique », organisée mercredi soir à Mostaganem, M. Raymond Chrétien, un des trois lauréats de ce prix, a indiqué à l’APS, avoir rencontré, dimanche dernier, le wali d’Alger Abdelkader Zoukh, et qu’il lui a fait la proposition de rejoindre ce réseau. « Le wali d’Alger m’a assuré que cette proposition sera positivement étudiée. Nous espérons qu’Alger, capitale de ce grand et beau pays, puisse joindre notre réseau », a-t-il indiqué. Pour lui, les villes membres du réseau jouent actuellement « un rôle diplomatique » très important dans le rapprochement des peuples et la concrétisation des valeurs de partage et de coexistence.

« Jusqu’à présent, nous comptons dans notre réseau quelque 33 villes membres, après seulement un an et demi de sa création. J’ai espoir de voir ce réseau s’élargir au cours des prochains mois, puisque ce lieu d’échanges d’expertises et de connaissances était réclamé depuis longtemps par tous », a-t-il souligné. L’Observatoire international des maires sur le Vivre ensemble est le fruit de l’engagement des maires qui souhaitaient bénéficier d’un cadre d’échanges, de réflexion et de partage des meilleures pratiques en matière de Vivre ensemble. Pour Raymond Chrétien, en dépit de la diversité des contextes dans les pays du Nord et du Sud, « les villes partagent de nombreux défis à relever en matière du vivre ensemble. Elles peuvent renforcer leurs capacités par la coopération et l’échange d’expériences », a-t-il estimé. « Chez nous à Montréal, nous avons accueilli plus de 20.000 réfugiés de Syrie, d’Irak et d’autres pays déchirés par la guerre. Je suis fier de vous dire que nous sommes parvenus à les intégrer dans notre société et a bien les accepter. C’est un exemple concret et palpable du vivre-ensemble », a-t-il conclu.

Notons enfin que les ambassadeurs et représentants diplomatiques accrédités en Algérie présents à la cérémonie, ainsi que d’autres personnalités ont reçu des cadeaux pour l’occasion dont, Joshua Robert Pope, Maire de la Ville américaine d’El Kader, Driss El Djazaïri, un des petits-fils de l’Emir Abdelkader, Ambassadeur, rapporteur spécial du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, Directeur exécutif du Centre de Genève pour la promotion des Droits de l’Homme et le Dialogue global, ainsi que par Fadila Laanan, Secrétaire d’Etat et Ministre-Présidente du Gouvernement francophone bruxellois.