Rencontre débat autour du vieux bâti
Les trois médianes et la mémoire
Rencontre débat autour du vieux bâti
Un forum animé s’est déroulé dans la salle de réunion de la wilaya de Mostaganem. Le Collectif pour la sauvegarde du vieux et mythique quartier de Tigditt avec le soutien de notre quotidien a rencontré les correspondants et autres localiers de presse de la ville. L’objectif est de donner une visibilité à l’opération de sauvegarde du vieux bâti car il constitue la mémoire et témoigne de l’Histoire.
En présence de Monsieur le Président de l’APW et de plusieurs membres de l’exécutif, notamment ceux de l’habitat, le collectif se présente soudé autour d’une conviction : informer des actions et des efforts que fournissent les bonnes volontés afin de faire cesser les démolitions et les atteintes au patrimoine immobilier dans trois quartiers, Derb, Tbbana et Tigditt.
Le forum débute par des communications destinées à exposer les faits, les difficultés et les perspectives du collectif, il s’ouvre par la communication du Dr Benchehida Mansour qui s’évertua rapidement à lier mémoire et nécessité vitale. C’est la trace et le témoignage de la mémoire qu’on abat systématiquement et à chaque opération de relogement, opération louable en soi, souligne-t-il. Dans cet espace où chaque rue et chaque mur est un pan de la mémoire collective, où un nationalisme de première heure a combattu le colonialisme et a consenti au sacrifice de ses meilleurs enfants, dans ces lieux qui abritèrent l’UDMA, le PPA, les scouts et d’autres terreaux de l’Algérie debout, dans cette ville où on dénombre 29 noms de cheikhs de la spiritualité tranquille et 39 oualis qui ont laissé leurs mausolée comme repère et leur exemplarité à la prospérité, il faut sauver la mémoire incarnée ans le vieux bâti.
Ce fut suivi par une brillante démonstration sur écran de la Grande Mosquée : l’historique, les aléas et la situation du « Mesdjid el aadam » fut disséqué, comparée aux mosquées mérinides de certaines autre villes par M. Gouaich Yacine, enseignant en architecture et responsable du parcours universitaire « architecture et patrimoine ».
La troisième intervention fut celle de M. Khelifa Mohamed, président de l’association « Renouveau de Mostaganem ». Il retraça avec émoi et passion et images à l’appui les difficultés, les acquis et les oppositions que son équipe eut à affronter depuis de nombreuse années dans le cadre de la lutte pour insuffler à la ville en général et à Tigditt en particulier, un renouveau.
Le professeur Bencherif d’Oran continua en exposant les expériences édifiante de la capitale de l’Ouest dans le même problème et avec des difficultés similaires. Chaque situation est spécifique, précisa-t-il, on ne peut plaquer les solutions d’une ville sur le contexte d’une autre, il faut adapter et tirer leçon des expériences des autres. Il remarqua la « densité mécanique » intense pour dire le nombre considérable d’une ville qui est restée avec un centre et du vide autour. C’est ce que souligne aussi M. Kassous, président de l’association « Ouled Tigditt » et membre du collectif : aucune institution, aucun service public digne de ce nom, seulement deux annexes squelettiques et un petit peuple livré à lui-même. Le professeur qui a pris le soin de ramener avec lui de jeunes étudiants en la matière insiste sur la jeunesse à impliquer et la formation à dispenser. Votre action ne se sera heuristique que si elle est globale, réfléchie et suivie, dit-il à l’auditoire qui écoute dans un silence studieux.
Ce fut suivi par un exposé technique des textes réglementaires par Monsieur le Directeur de l’Habitat et qui évoqua moins les médinas mémorielles que le centre de la ville où, malheureusement, le temps a fait son travail de sape et les plus beaux immeubles risquent le pire.
Après des interventions courtes mais judicieuses du P/APW et de M. Affoun et de M. Djennad, respectivement Doyen de la faculté et Chef du Département concernés, le Cheikh de la zouia Allaouia, à son tour intervient. Il tient un discours lucide et pragmatique, prône de commencer pat le détail, les lieux où il n’y a pas d’imbroglio juridique, de propriétaires multiples et dispersés pour donner un élan, un espoir. Il faut commencer pour les mots cessent d’être vains et pour s’incarne l’espoir et reviennent la confiance, Tigditt se meure. On peut également légaliser la prise en charge par l’Etat des maisons afin d’arrêter l’appel d’air qui voit à chaque relogement, de nouveaux squatters demandeurs de logement. Le patrimoine est une vision valorisante de nous-mêmes, la pierre parle, nous restitue l’Algérie, rappelle-t-avec une éloquence simple et convaincante. Limité par un oued ouvert aux détritus et un cimetière poubelle, la quartier se meurt dans un délabrement prégnant où s’incrustent tous les maux sociaux. Faisons de ce cimetière un parcours vert avec des fontaines, des kiosques, un itinéraire sportif ou de promenade, pour commencer. Il y a là des styles de tombes comme nulle part ailleurs, martèle le Cheikh.
Les invités, gens de presse et société civile, ont beaucoup écouté, quelques questions seulement furent posées, les intervenants étaient clairs et fort était l’appel de détresse.