Raymond Chrétien reçoit le prix Émir Abdelkader pour le vivre-ensemble
Le vivre-ensemble est à l’honneur à Mostaganem, en Algérie, où l’ancien diplomate canadien Raymond Chrétien a reçu mercredi le premier prix Émir Abdelkader pour la promotion du vivre-ensemble et la coexistence pacifique en Méditerranée et dans le monde.
Ce prix lui a été décerné par l’Association internationale soufie Alâwiyya (AISA), une ONG internationale qui honore également deux grandes figures des Nations unies, l’Algérien Lakhdar Brahimi, représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, et l’Espagnol Fédérico Mayor, ancien directeur général de l’UNESCO.
Ce prix a été créé en hommage à la figure emblématique de l’Émir Abdelkader (1808-1883), précurseur du vivre-ensemble. Il fut un résistant, un patriote, un humaniste et un défenseur des minorités de toutes confessions.
Raymond Chrétien, qui a longtemps œuvré sur la scène internationale, préside depuis 2015 l’Observatoire des maires sur le vivre-ensemble. Il estime que ce thème est plus que jamais d’actualité. Il rappelle qu’« on en parlait très peu, il y a cinq ans ».
La question du vivre-ensemble se pose, à ses yeux, comme un véritable défi dans le monde d’aujourd’hui.
Gérer la diversité
Pour le diplomate qui a représenté le Canada en qualité d’ambassadeur aux États-Unis et en France, le vivre-ensemble se traduit concrètement par la gestion de la diversité sociale et culturelle dans nos villes devenues cosmopolites.
C’est un exercice de tous les jours et le succès est possible, dit-il, en citant Montréal comme un parfait exemple. « La ville est composée de 30 % à 40 % de gens qui viennent d’ailleurs ».
On a vu, il y a moins d’un an, l’arrivée de milliers de réfugiés syriens, qui se sont intégrés presque dans la douceur.
« Ils [les réfugiés syriens] ont été bien reçus et beaucoup d’entre eux ont déjà trouvé un emploi. Leurs enfants fréquentent déjà nos écoles », ajoute M. Chrétien.
Sur la question de l’émergence d’un discours articulé autour de la crispation identitaire, M. Chrétien, qui se définit comme un Canadien et un Québécois fier de ses origines, situe une partie du problème dans la crainte de l’autre.
« Les gens ont peur de l’inconnu, surtout dans les régions éloignées, où l’on est habitué à voir une population très homogène avec le français pour langue unique et peu de gens de couleur ».
Mais tout cela va changer, « peu importe votre langue, votre religion, vos valeurs, elles doivent être respectées et intégrées à l’ensemble, mais c’est toujours difficile quand il y a une société d’origine qui a peine à s’adapter à ces changements ».
Contrer la radicalisation
L’intolérance et le terrorisme au nom de la religion stigmatisent toute une communauté et n’épargnent personne. La solution peut provenir de l’éducation et d’un discours qui prône le vivre-ensemble. « C’est là où le civil et le religieux se rencontrent. Toute la société doit s’y attaquer », souligne Raymond Chrétien.
Sans nier la part de la géopolitique mondiale dans l’émergence de cette radicalisation, il estime que les communications ont un rôle plus important. « Les communications provoquent des changements géopolitiques ». On y trouve les problèmes et les solutions aussi, laisse entendre le président de l’Observatoire des maires sur le vivre-ensemble.
AISA ONG Internationale se définit comme une association qui œuvre pour la création d’une culture de paix et pour l’égalité des genres au service de l’humanité. Son président et fondateur, le cheikh Khaled Bentounes, milite pour que l’ONU décrète une journée mondiale du vivre-ensemble.